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Ce projet porte sur les histoires de migrations telles qu'elles ont été vécues par les femmes et telles qu'elles se transmettent (ou pas) dans les familles et les voisinages, en se centrant sur un territoire spécifique de la région Auvergne-Rhône-Alpes : la vallée de la rivière drômoise Jabron, entre le centre- bourg de Dieulefit et l’agglomération de Montélimar.
La vallée drômoise du Jabron qui relie Dieulefit et Montélimar a connu une diversité de migrations qui se sont amplifiées depuis le 19e siècle : d’Italie, d’Espagne, d’Arménie, du Portugal, d’Algérie, du Maroc, de la Tunisie, etc. Les femmes ont toujours été nombreuses dans ces mobilités. Elles représentent près de la moitié des étrangers recensés depuis cette période. Ce territoire a fait appel à une main-d’œuvre migrante, notamment féminine en particulier dans les secteurs agricoles (viticulture, maraîchage, etc.) et industriels (textile, céramique, etc.). Les femmes ont travaillé dans les villes, les villages et les champs de la vallée, habité les cités ouvrières des barrages du Rhône, ont élevé des enfants, se sont engagées dans des associations ou actions collectives.
Loin d’être isolée, cette vallée “circulante” était traversée par un “tramway” de 1893 à 1935 reliant Dieulefit à Montélimar et se trouvait ainsi connectée à l’axe rhodanien. La vallée du Jabron a également toujours été terre d’accueil : Espagnol·es fuyant le franquisme, juif·ves et résistant·es pendant la Seconde Guerre mondiale, ou encore les Arménien·nes dans l’entre-deux guerres. Dieulefit a été, par exemple, entre 1940 et 1944, un village refuge pour de nombreuses personnes persécutées par les nazis et les fascistes. Riche en expériences passées et présentes en matière d’accueil des migrations, ce territoire compte encore aujourd’hui de nombreux collectifs et associations accueillant des personnes exilées.
Notre intention est d’explorer des méthodes alternatives à celle de la recherche traditionnelle, en particulier l’histoire orale revisitée par la recherche-création participative, afin de recueillir, analyser et restituer les récits de migrations par des femmes ou sur des femmes dans ce territoire. Les outils de création et de valorisation émergents (travail sonore, arts plastiques, arts vivants) permettent de produire et de partager cette recherche-création dans des espaces collectifs pour ouvrir la parole et susciter des discussions et une diversité de regards sur l’histoire des migrations et des femmes, la mémoire et la transmission, les affects et la sensibilité.
Depuis quels paysages, quelles langues, quels accents est-elle arrivée?
Comment les migrations de femmes tissent la grande histoire et façonnent nos territoires ? Comment se croisent grande histoire et vies intimes ?
Nous sommes 9 femmes, habitantes de la Drôme, comédienne, réalisatrice sonore, historienne, chanteuse, plasticiennes, sociologue, muséologue, filles ou petites filles d’anonymes qui ont parlé, ou se sont tues, sur leurs chemins de voyageuses. Dans nos ateliers, où se mêlent recherche, création, histoire orale et transmission, nous recueillons les témoignages de femmes qui ont pris la route, ou de leur descendant.e.s. En dessinant, en enregistrant, en écrivant, en écoutant et en brodant, nous tissons les fils de leurs multiples récits. Et dans ces entrelacements, nous écrivons l’histoire des migrations de femmes restées dans l’ombre des grandes dates et des grands hommes.
Nous accueillons toutes les histoires de migrations, d’hier ou d’aujourd’hui, en particulier celles de femmes. Vous êtes les bienvenues avec les vôtres ou celles de vos familles.
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